• CONSTRUCTION DU PONT DE FILLÉ SOUS LE MANDAT DE MONSIEUR CHARLES DE VAUGUYON

    La photo du dessus avait été adressée en 2004 au Maire de Fillé par Monsieur F. LÉPINE de l'Association pour la Mémoire et la Notoriété de Louis Auguste Marie Harel de la Noë.
    Cette photo originale du pont de Fillé avait été prise par une équipe de cinéastes qui avait réalisé un film sur la vie et l'œuvre de notre grand ingénieur breton. Nous l'en remercions ici.

    Ci-dessous, plan datant de 1840 du bourg de FILLE sans le pont...
     

     




    Le projet du pont du tramway prend forme : le pont sera l'œuvre d'un grand ingénieur breton Louis HAREL DE LA NOË (1852-1931). Après avoir conçu le pont-canal de Briare, Monsieur HAREL DE LA NOË est nommé au service ordinaire des Ponts et Chaussées de la Sarthe, à compter du 1er Mai 1884.
     
    C'est à lui que l'on doit la conception de notre pont de FILLÉ. Il réalisa également le fameux pont en X au MANS et le pont de la Râterie à ALLONNES conçu à l'identique à celui de FILLË : le tablier étant soutenu par deux axes métalliques de 56,33 mètres.

    Le pont d'Harel de la Noë vu du clocher de l'église de FILLÉ lors de sa reconstruction.
     
     
     
    Article du 17 Juin 2009 de "LA VIE DU RAIL" concernant le dernier livre de l'ASSOCIATION POUR LA MÉMOIRE ET LA NOTORIÉTÉ D'HAREL DE LA NOË présenté à Montparnasse, Maison de la Bretagne, le 23 Juin 2009
     

     
     

    Le conseil se penche également sur ce projet du pont du tramway sur la Sarthe : il sera à double voie si la commune consent à la dépense ! Or la commune s'engage à payer une somme de 7500 F pour avoir un pont route à double voie. Nous remercions le Conseil de 1893 d'avoir été AVANT-GARDISTES (le pont redeviendra quelque temps à voie unique beaucoup plus tard - en 2007 - suite à sa rénovation ; résultat d'un problème de revêtement de chaussée).

    Longtemps après la construction du pont de fer à laquelle avait participé de nombreux adolescents du cru comme chauffeurs de rivets, un livre édité en 2003 aux Presses de l'École nationale des Ponts et Chaussées consacré à notre ingénieux ingénieur breton (il est natif de Saint-Brieuc) et écrit par une association de passionnés pour la mémoire et la notoriété de ce bâtisseur de talent, souligne que : "Si les populations riveraines des fleuves échappent désormais à la sujétion des grands ponts à voie unique, c'est à l'exemple décisif de ce pont de FILLÉ qu'elles devront ce bienfait" et de conclure :

    "Aux Manceaux qui regrettent la vision du pont en X original, malheureusement détruit à la Libération, nous suggérons qu'ils aillent voir le pont de FILLÉ, d'une grande qualité technique, de forme originale et d'une ligne très pure. Le pont de FILLÉ est le plus bel ouvrage d'HAREL DE LA NOË toujours en service routier dans la Sarthe."

    Il fait d'ailleurs l'objet de deux illustrations en couleurs dans le livre précité dont une concernant l'extrémité d'un des garde-corps en briques rouges lesquels seront démolis en 2007 suite à sa rénovation.

    HAREL DE LA NOË construit donc notre pont de FILLÉ en 1896. Il était contemporain de GUSTAVE EIFFEL qui disait de lui lors de l'inauguration du pont en X au MANS : "En fait de tour, Monsieur HAREL en a plus d'un dans son sac. Parce que je suis ingénieur, croyez-vous que la beauté ne me préoccupe pas ? Nous nous efforçons de faire solide et durable, pourquoi ne nous efforcerions nous pas de faire élégant ?".

    Cet ouvrage d'art fut commandité aux Ateliers de Construction des Forges et Fonderies d'Hautmont.

    "Le nom de Louis Harel de la Noë, ingénieur des Ponts et Chaussées, est indissociable de l'histoire des Petits trains de l'Ouest de la France. Il est, en effet, le principal auteur des réseaux d'intérêt local du Finistère, des Côtes d'Armor et de la Sarthe.

    Traçant des centaines de kilomètres de lignes de chemins de fer à voie normale ou étroite, résolvant les difficiles problèmes de relief et de franchissement des cours d'eau par la construction d'ouvrages d'art aussi variés qu'appropriés, se faisant architecte pour l'édification des gares et bâtiments de service, passant avec élégance , dans les intermèdes d'une carrière avant tout ferroviaire, aux voies navigables, aux ports et phares, aux routes, etc., Harel de la Noë a bien mérité de ce XIX° qui fut tant bâtisseur.

    Cependant, c'est la notoriété nationale, voire internationale, que mérite ce créateur intelligent et hardi, par l'originalité de la conception des ouvrages qu'il réalisa, par l'harmonieux mariage qu'il y pratiqua des matériaux traditionnels, pierre et brique et des moyens modernes, métal et béton, par l'incontestable personnalité qui se dégage de son œuvre."...

    "Il reste aujourd'hui peu de choses de l'œuvre d'Harel de la Noë : le tourbillon d'un XX° siècle aussi riche en innovations que son devancier est passé par là. La photographie nous aide à nous souvenir  rien qu'en Sarthe, des réalisations telles que les viaducs de la Tuilerie et de Dehault, les gares des tramways au Mans et à la Ferté-Bernard, le fameux pont en X témoignent de ce qui fut un  moment du progrès unique en son genre."*

    Source : Chapitre consacré à "L'Eiffel des petits trains Harel de la Noë dans le livre de Alain de Dieuleveult et Jean Edom sur les Petits trains de la Sarthe

    *Et nous, filléens, nous ajouterons que sa conception de l'élégant pont sur la Sarthe à Fillé, réalisé pour le passage du petit train, est toujours là, de nos jours, et toujours solide.

     

     

     

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    Le pont de Fillé pendant le passage du petit train.

    photo remise par la famille Gesté

     



    Le Pont d'Harel de la Noë rénové en 2008 et ci-dessous dans la brume hivernale.
     
     
    (Il fut regrettable qu'une pétition ait circulé dans le bourg suite aux travaux de rénovation du pont car cette décision n'appartenait pas du tout au Conseil Municipal de Fillé mais uniquement à la DDE mais bien évidemment qu'importe la raison : nous étions en période électorale...). 
     
     



    Monsieur Charles de VAUGUYON étant réélu Maire de FILLÉ le 24 Novembre 1895, autorisation lui est donnée d'avancer les 7500 F pour la construction de ce pont du tramway ce qui nécessitera la réalisation d'un emprunt de 5000 F.

    Le 7 Mars 1897, le Conseil Municipal réuni en séance extraordinaire demande que la Commune soit dispensée de payer l'empierrement de la rampe du pont. En 1898, le Conseil demande toujours que le chemin d'accès au pont du tramway soit empierré le plus tôt possible.





     
     
      Traduction :

    "L'an 1897, le 7 Mars à 2 heures du soir, le Conseil Municipal de FILLÉ s'est réuni au lieu ordinaire de ses séances, salle de la Mairie, sous la présidence de Monsieur de VAUGUYON, Commandeur de la Légion d'Honneur, Maire pour la tenue de cette séance et ensuite de la convocation faite par lettres individuelles, le 28 Février dernier...

    Monsieur le Président donne lecture d'une lettre de Monsieur le Préfet de la Sarthe en date du 25 Février 1897 qui invite le Conseil Municipal à prendre les mesures nécessaires pour assurer la réalisation de la somme de 7500 Francs par voie d'imposition extraordinaire, d'emprunt et de souscription, que la commune de FILLÉ s'est engagée à payer à l'administration du tramway pour avoir un pont-route à double voie sur la Sarthe, conformément à sa délibération en date du 17 Août 1896, approuvée par Monsieur le Préfet de la Sarthe, le 10 Février 1897.

    Après la lecture de la lettre précitée, le Conseil Municipal à l'honneur d'exposer à Monsieur le Préfet que lors des conventions faites avec Monsieur Q......, Ingénieur des Ponts et Chaussées au sujet de l'indemnité à payer par la commune pour l'établissement d'une double voie servant au passage des voitures sur le pont du tramway, il a été convenu que moyennant une somme de 7500 Francs payée par la Commune à l'Administration, ce pont serait livré au public sans qu'il y eut lieu à d'autres dépenses par la Commune et par conséquent que la rampe d'accès serait livrée à la Commune empierrée et prête à servir.

    Le Conseil sur le rapport du Maire qui est certain d'avoir rapporté fidèlement les engagements verbaux de l'Administration, n'a voté les 7500 Francs de subvention que dans ces conditions. Cependant, l'Administration parle d'exiger de la Commune le paiement de cet empierrement, se fondant, sur ce, que d'autres commune intéressées sont obligées de faire cette dépense.

    Le Conseil a l'honneur de faire observer à Monsieur le Préfet que le cas de la commune de FILLÉ n'est pas celui des autres communes. FILLÉ, seule, s'est engagée pour jouir de ce pont à payer une somme relativement très considérable vu la pauvreté de cette petite commune.

    En conséquence de ces faits, le Conseil Municipal de FILLÉ a l'honneur de prier Monsieur le Préfet de vouloir bien soutenir sa cause devant l'administration du tramway et lui demander de tenir ses engagements, fussent-ils verbaux, mais faits de très bonne foi des deux côtés
    .

    Accord est donné par le Conseil Général de la Sarthe dont ci-joint extrait Source Gallica Bnf.fr Bibliothèque Nationale de France.

    acccord du Conseil général en 1 sur 250 frs pour l'empierrement





     

    CI-DESSOUS, PLAN DU BOURG SUR LEQUEL EST PROJETÉ LE PONT DU TRAMWAY


    à gauche l'embranchement avec la route de Voivres (devenue route de la Libération)



    HAREL DE LA NOË  a construit également la gare de Fillé.

    Par aille
    urs, le conseil est saisi d'une demande émanant de personnes de FILLÉ pour créer une assemblée (fête) le lundi de Pâques à la Gare du tramway (?).


    Dans un premier temps, après délibération, le conseil donne avis favorable au sieur Ch..... mais le Maire a voté contre cette proposition considérant que l'emplacement était mal choisi par suite du voisinage de la gare de tramway et du pont dont les garde-fous constituent un danger et, de plus, les stands des forains ne peuvent être établis que le long du chemin dit "d'intérêt communal" qui, selon lui, n'offre pas une assez grande largeur... affaire à suivre.

     

    AVANT RENOVATION :

    Extrémité d'un garde-corps avant sa démolition en 2007 lors de la rénovation du pont : ces ouvrages étaient conçus en briques comme ceux des viaducs édifiés par Harel de la Noë (viaducs, de Vau-Hervé, de Kerdéozer, de Blanchardeau, du Parfond de Gouet et surtout ceux de Grognet et de Douvenant qui sont un peu dans le même style qu'étaient conçus les garde-corps du pont de Fillé (tous ces ouvrages sont la plupart en Bretagne comme leur nom ne l'indique pas). 

    APRÈS RÉNOVATION :

    ci-dessous les anciens garde-corps en brique et leur rambarde ont été remplacés par une structure métallique permettant une meilleure sécurité notamment dans le cas d'une sortie de route car les anciennes rambardes étaient d'une conception fort légère et non adaptée pour le trafic actuel.

    photos collection particulière

     

     

    LE PONT DE FILLÉ CONSTRUIT PAR L'INGÉNIEUR HAREL DE LA NOË



    photo collection particulière
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    HISTOIRE DE LA PASSERELLE
     
     
     
     
     
     
    HISTOIRE DE LA PASSERELLE
     
     
    Tu te souviens du pont
    Qu'on traversait naguère
    Pour passer la rivière
    Tout près de la maison
    ... (Yves Duteil)


     

    Une passerelle en bois (puis en béton après l'incendie du secteur de l'église en 1944) a été installée tout simplement à l'emplacement de l'embarcadère après la suppression du bac pour pallier à la dénivellation du terrain permettant ainsi une meilleure circulation des promeneurs le long de la rivière tout en permettant l'amarrage des barques.

     
    Parmi les tout jeunes enfants qui posent sur la passerelle se trouve notre ami René GAIGNON, natif de FILLE qui nous apprendra tant "d'histoires" sur l'HISTOIRE de FILLÉ. Ses parents habitaient dans le bourg à l'emplacement de l'ancienne épicerie (son père était sabotier) et il y a vécu beaucoup d'évènements très souvent relatés dans la presse locale (sur le tramway, Henri Vallée, la vie entre les deux-guerres, etc...).
    Cette passerelle en bois si bucolique est devenue un passage en béton après-guerre (dommage !)
    ci-dessous, les promeneurs et le curé du village sur la passerelle en bois.
     
     
     
     
    Si tu reviens par là
                                           Tu verras la rivière                                        

    et j'ai refait en pierre

    Le petit pont de bois...

    (Yves Duteil)

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    Sources bibliographique :
    ouvrage sur LOUIS HAREL DE LA NOE (1852-1931) écrit par l'Association pour la Mémoire et la Notoriété de Louis Harel de la Noe sous la Direction de François Lépine
    Un grand Ingénieur breton - édition : Presses de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées.
    Sources manuscrites :
    Archives de la Mairie de Fillé concernant les plans et la correspondance de la Municipalité de l'Epoque à Monsieur le Préfet.
    Article l'Eiffel des PETITS TRAINS HAREL DE LA NOE (1852-1931) sur l'ouvrage des Petits Trains de la Sarthe d'Alain de Dieuleveult et Jean Edom.
    Source Gallica Bnf.fr Bibliothèque Nationale de France.
     
    LIENS :
     
    LE ROBOT DE LISA BUZZ

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    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.

     
     

     

    Ci-dessus : Première carte postale de FILLÉ écrite en 1902 par des Pêcheurs (un pêcheur de brochets ; carte postale-photo rare collection personnelle).

    Après la guerre franco-prussienne de 1870, la France vit une longue période de paix favorable aux progrès économiques et techniques. Les gens étaient paraît-ils insouciants : "LA BELLE ÉPOQUE !"

    Mais qu'en étaient-ils des gens de FILLÉ ? des fermiers, des journaliers, des domestiques, etc...


    Il est vrai que l'on voit apparaître une succession d'inventions : la bicyclette, les avions, les automobiles se développent, on commence à en voir à FILLÉ dans les années 20. Après la guerre de 1914/18, la France rurale se modernise et FILLÉ voit arriver la fée électricité. Le 25 Février 1900, le conseil municipal décide le rattachement de la commune au réseau téléphonique départemental.

    Sur le bord de la Sarthe, notamment à proximité du pont et de la gare se construisent les premiers "chalets" des citadins qui viennent passer l'été et les dimanches à la campagne.

    Cependant, PESCHE (1) rapporte au XIX° siècle que les terres de la commune sont particulièrement médiocres et il mentionne une communauté humaine assez pauvre.

    FILLÉ au XIX°, en effet, est un village petit et discret qui, de mémoire d'hommes s'est toujours tenu à l'écart des vanités, ambitions et vicissitudes du monde. Il n'y a jamais eu, ici, que des générations de paysans menant sereinement ou résignés une vie simple, banale et difficile. 

    (1) Julien Rémy Pesche (né le 1er octobre 1780 à Préval (Sarthe), au lieudit de La Matrassière-Boulay et mort le 17 octobre 1847 à Morteau) est un pharmacien, magistrat, historien et naturaliste français. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont le plus connu est le Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe publié en 1829. Il a également écrit des recueils de chansons et de poésies.

    Le Bulletin de la Société d'Agriculture, des Sciences et des Arts de la Sarthe, année 1881, publie un rapport au sujet de l'action du froid sur la végétation suite à l'hiver de 1879/1880, en raison de sa rigueur exceptionnelle et ses effets désastreux en particulier sur les arbres forestiers. Environ les 7/10 des pins maritimes du département ont succombé à la rigueur du froid.

    "Si maintenant nous examinons sur quels points du département les pertes ont été surtout sensibles, nous verrons que les environs de la Flèche, Château-du-Loir, le Lude, Ecommoy, Grand-Lucé, Pontvallaint, Fillé, Foulletourte et Connerré ont été particulièrement éprouvés. Dans plusieurs de ces localités, les pins ont péri complètement ; dans plusieurs autres dans la proportion de 75 à 80 pour cent....".

    "Dans les environs de Fillé, pour les arbres de haies : 1/5ème des plantations a péri...."

    Mais le narrateur insiste sur le fait que les dégâts subis par les arbres entourant les champs n'ont pas été seulement constatés autour de Fillé...

    Sources : extraits du Bulletin de la société d'Agriculture - année 1881 - BNF.fr Gallica.

    Selon d'autres sources, la neige est tombée sans discontinuer pendant près de trente heures entre le 4 et 5 décembre 1879 sur une grande partie de l'Europe. Au-dessus de la France qui marque la limite entre l'air froid et l'air doux, la neige est tombée avec une abondance exceptionnelle. Tandis que Paris est pris dans une tourmente de neige, Nantes est pris dans une tempête de verglas : la neige se changeant en une pluie glacée.

    "Sous le poids de la couche glacée, les branches des arbres commencent à s'incliner vers la terre avant de se rompre. Enfin, pendant la nuit suivante, une tempête de neige chassée par un fort vent d'est vint encore aggraver la situation. Les arbres surchargés, y compris les plus forts et les plus vigoureux se brisèrent, notamment les ormes des promenades publiques."

    Source : extraits météopassion/décembre 1879.

     

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.L'été 1884 fut extrêmement chaud : on observe dix-huit jours de canicule en Août où le thermomètre dépasse les 30° au Mans. En 1893, l'été est très chaud, en particulier, le mois d'août qui est en même temps très sec. On compte dix jours de températures maxima supérieures à 30° à Sainte-Honorine-du-Fay (Calvados), vingt jours à Angers. En 1895, le mois de septembre est chaud et sec : à Paris on note 35° 5 le 7 septembre et il ne tombe pendant tout ce mois que 0,1 mm d'eau.

    En 1899, au cours de cet été particulièrement chaud en août, on a noté quinze jours à Paris, vingt-neuf à Angers au cours desquels le maximum dépasse 30°. La sécheresse est absolue du 14 août au 1er octobre (49 jours) à Paris. En 1900, l'été fut très chaud et sec également tandis qu'en 19041904.  le maximum absolu de l'année a été noté : a. Le 17 juillet avec 36° 9 à Paris, 39° 0 à Angers, b. Le 18 juillet avec 39° 3 à Tours, 40° 6 à Rennes.

    Source : Les grands étés en France ; http://www.alertes-meteo.com/vague_de_chaleur/vague-de-chaleur-2.php

    Donc, finalement, réchauffement climatique ou pas on apprenait à suffoquer déjà pendant les étés autour de 1900.

     

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.

    En 1892, il est établi, dans le canton de la Suze, un Comité Républicain. Son but est d'entretenir, entre tous les Républicains du canton, des sentiments de confraternité, de propager des idées républicaines et de préparer des élections républicaines.

    L' Association Ouvrière de l'imprimerie Drouin au Mans en publie les statuts ainsi que les noms de ceux qui composent le bureau et les membres. Seul un habitant de Fillé figure parmi les membres de ce Comité Républicain.

    Source : Département de la Sarthe - canton de la Suze - statuts du Comité Républicain. 

    Sur le compte-rendu in-extenso du Journal Officiel de la République Française - séance du 28 Mars 1895 - il est rapporté que Monsieur GALPIN, Député de la Sarthe a déposé des pétitions portant les signatures de 1274 Maires, conseillers municipaux et cultivateurs bouilleurs de cru des communes de Chemiré-le-Gaudin, Fillé-sur-sarthe, La Guierche, La Quinte, Marigné, Mont-Saint-Jean, Saint-Pavace, Sargé, Souvigné-sous-Ballon.

    Source : Extrait du Journal Officiel de la République Française - séance du 28 Mars 1895 - page 1109 - BNF. fr Gallica

    En 1906, soit huit ans avant la grande guerre de 1914/1918, il est procédé à un recensement général de la population de FILLE. On y dénombre un total de 522 habitants soit 521 Français et une personne de nationalité allemande mais cette personne "étrangère"était en fait une femme née en Lorraine. Or, à cette époque, la Lorraine était malheureusement annexée par l'Allemagne, alors, nous considérerons qu'il n'y avait que des âmes françaises.

    Parmi cette population, il y avait 105 personnes agglomérées dans le bourg et les 417 autres considérées comme population éparse, c'est-à-dire "éparpillée" en campagne et constituant principalement les habitants des fermes.

     

    1906

     

     

    (extrait archives départementales de la Sarthe)  

    Dans cette population rurale de FILLÉ, on dénombrait :  

    * deux maréchaux (MM. Gouet Victor et Papin René) et deux ouvriers-maréchaux (MM. Fresneau Albert et Bienvenu   Joseph)

    * un marchand de bestiaux (M. Gypteau Marcel)

    * un meunier et un ouvrier meunier (le meunier était M. Cosnier Cyprien et l'ouvrier son fils Georges)

    * un curé (M. Touchard André) 

    * un instituteur (M. Alphonse Mohain)

    * une institutrice (Mme Vve Busson Marie)

    * un charron (M. Dubourg Raymond) et un ouvrier charron (M. Dubourg Raymond : père et fils également)  ;

    * un entrepreneur (M. Bizeray Jean qui fut aussi Maire de FILLÉ après la mort de M. Loriot soit de 1908 à 1919)

    * deux charpentiers (MM. Boivin Louis et Georget Louis Père) et trois ouvriers charpentiers (MM. Leroux Eugène, Boivin Louis et Georget Louis fils

    * deux menuisiers (MM. Mallet Michel et Clément Ariste)

    * un tonnelier (M. Piron Ernest)

    * un confiseur (M. Gauvin Auguste)

    * trois maçons (MM. Fournigault Victor et Louis, et Bouleux Constant)

    * un pêcheur (Mr Roboam Louis qui fût aussi Maire de FILLÉ de 1901 à 1904)

    * un sabotier (M. Gaignon Léon)

    * un hongreur (M. Choquet Jean) et un ouvrier hongreur (M. Roger Albert)

    * un cantonnier (M. Barbier Pierre)

    * quatre gardes (MM. Georget Pierre, Leclerc Louis, Durand Hilaire et Landais Auguste)

    * un jardinier au château du Gros chesnay (M.  Froger Clément)

    * trois couturières dont deux dans le bourg (Mmes Vve Pauline Dumont et Rosalie Duperray) et la troisième dans les Iles  (Mme Peccate Clémentine).

    A cette époque qui marquait l'avènement du tramway, il y avait aussi

    * une receveuse au tramway (Mme Auxilia Ménager)

    * un employé au tramway (M. Brindeau Félix) Le nom de Félix Brindeau figure sur le monument aux morts de Fillé car il est disparu le 23 Août 1918 à l'est de Soissons à l'âge de 20 ans. Il a été cité le 31 juillet 1918 à l'ordre de son régiment où il était caporal pour sa conduite aux combats. Il a reçu la croix de guerre avec bronze (source mémorial GENWEB). Il était le fils d'Auxilia.

    Côté commerçants, il y avait :  

    * trois épicières (MMmes Taron Louise, Vve Madeleine Fontaine et Marie Després) et un épicier (M. Bouteloup Henri)

    *  un boulanger (M. Faifeu Auguste) et un ouvrier boulanger (M. Dubourg William)

    * un cafetier (M. Pommerais Alexandre) ;  

    D'autre part, on y dénombrait :   * 11 journaliers et deux journalières ;   Ce qui est remarquable d'autre part, il y avait pas moins de :   * 66 cultivateurs ;   Or, dans ce chiffre très important, il y avait quelques femmes veuves qui étaient déclarées "chef de famille" et cultivatrice et qui déclaraient leurs enfants, souvent l'aîné, "Aides de culture". En effet, dans chaque famille paysanne, l'un des enfants était "aide de culture". On dénombre ainsi :  

    *  9 domestiques ;

    * 49 aides de culture ou domestiques de culture.

      On voit, à la lecture de ce recensement de population avec l'annotation des métiers exercés par les chefs de famille concernant la population active, combien le monde a changé en 100 ans !  

       

    1906 bis

      Ce récapitulatif de 1906 faisait état de 164 maisons et 166 ménages (extrait archives départementales de la Sarthe).    

    tonnelier
     
    En 1906 à FILLÉ, il existait un tonnelier.


    photos ci-dessus et ci-dessous collection particulière




    Le couple qui se trouve au centre de la photo (l'homme en cravate et chapeau melon, la femme en chapeau cloche auprès d'un garçonnet habillé de blanc) serait Théodore Botrel et son épouse, l'auteur-compositeur de la "Paimpolaise" qui venait en villégiature à Fillé.


     
     

    Dans un but de perfectionnement de la navigation entre FILLÉ et MALICORNE, l'Etat entreprend la consolidation du barrage endommagé par suite de grandes crues et la reconstruction du pertuis entre 1871 et 1875. Il est entrepris également la reconstruction des portes de garde du canal ainsi que de la fermeture du pertuis vers 1912. En effet, en 1846 et 1881, il y eut de grandes crues sur la Sarthe.

    niveaux maximaux observés à Fillé : 40,15 m. en 1846 et 40,02 en 1881 (sarthegouv.fr/rapport d'étude crues historiques).


    Le long du canal pour aménager le chemin du halage, l'Etat procède en 1908 à l'aliénation d'une parcelle de terrain désaffecté.



      

     

     

     

    Une jeune fille de Fillé déclare son amour par carte postale "de Fillé" en 1907 à son ami qui est cavalier au 23° dragons, 1er escadron du 3ème peloton de Vincennes.      


        
     

     

    Monsieur Louis ROBOAM fut le premier maire du XX° siècle : il fut élu Maire de sa commune le 16 Juin 1901 et il exerçait l'activité de pêcheur. Un pêcheur élu Maire de Fillé : On ne pouvait-on mieux choisir pour représenter la commune.


    Monsieur Henri-Joseph GUICHARD, négociant, dernier occupant du château du Gros chesnay, décède en 1904. Sa fille épousa Monsieur LORY dont le fils, Yves fut le Maire de Fillé de 1952 à 1959. 

    photo collection particulière

     

        A la sortie du bourg, vers 1906, les riverains posent ; au premier plan les deux institutrices qui ont légué un terrain au Bureau d'Aide Sociale (terrain sur lequel est implanté actuellement la maison du Temps Libre). Monsieur André TOUCHARD était curé en 1906. (ci-dessous) :
       

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.

    photo collection particulière

     

    A l'emplacement de l'actuel impasse Henri Vallée existait une maison qui empiétait largement sur le trottoir, ci-dessus, à gauche, elle fut donc démolie pour alignement à l'avènement de la voiture.
    ci-dessus et ci-dessous.

     

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.

     
    photo collection particulière
     
     
    Ci-dessous, l'épicerie-mercerie à droite dans le centre-bourg en 1924
     

    L'épicerie-mercerie. En 1906, Mesdames DESPRES Marie et TARON Louise étaient épicières.

    Deux charmants pêcheurs le long du canal de Fillé

    photos collection particulière

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.


    photo collection particulière (1908)

    Les pêcheurs étaient déjà nombreux à venir sur les berges de Fillé mais on voit ceux de la belle époque,  fort élégamment vêtus, porter le canotier tandis que d'autres pratiquent le canotage en famille.... 

     

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.


    photo collection particulière


    ci-dessous : Café-restaurant à l'entrée du village qui est devenu par la suite l'hôtel du Progrès

    Monsieur Alexandre POMMERAIS était cafetier en 1906.


    photo collection particulière


    photo collection particulière

     

    Le maréchal-ferrant à gauche à la sortie du bourg (à droite sur la photo) L'école laique près de la Mairie, à gauche sur la photo.    En Juillet 1903, dans le bulletin de l'Amicale des Instituteurs et Institutrices de la Sarthe dont la devise est "Tous pour un, un pour tous", nous apprenons que l'instituteur de Fillé était Monsieur MOHAIN.    

     
    "Les façades des habitations, le long des rues empruntées par les fidèles, étaient tendues de draps piquetés de feuillages et de fleurs. Au sol, la "fouillée", formée de pétales de roses, de glaieuls et autres fleurs. Parfois, des motifs décoratifs, réalisés à partir de sciures ou de sable teintés, illustraient des passages de la Bible. Des fillettes, tout de blanc vêtues, lançaient des pétales de roses."
     
    texte extrait de LA VIE RELIGIEUSE DANS LA SARTHE de 1900 à 1940 d'André LIGNE.

     

    A Fillé, on voit que la procession entrainée par le prêtre et les enfants de choeur s'est dirigée vers le "reposoir" élevé à l'entrée du bourg dans l'actuel carrefour des rues de la Libération, de l'Aunay, des Gesleries et du Passeur.

    Sous leur soutane rouge, les enfants de chœur portent le surplis blanc. On remarquera l'ensemble des petites filles au premier rang,  également toutes de blanc vêtues et fort bien habillées : certaines portent sur leurs cheveux une couronne de fleurs alors que d'autres sont coiffées d'un joli chapeau.
    Le dais qu'encadrent les servants et enfants de chœur, abrite le prêtre tenant l'ostensoir destiné à l'adoration publique et que celui-ci lève régulièrement au-dessus de sa tête.
    Une fillette à gauche porte la bannière et d'autres enfants également à droite tandis qu'un enfant de chœur porte la croix.
    A gauche, parmi les enfants, une femme portant la coiffe sarthoise.

     


    A Fillé, le moulin appartient donc depuis 1900 à CYPRIEN COSNIER, ce moulin qui sera acquis, un siècle plus tard, par la COMUNAUTÉ DE COMMUNES DU VAL DE SARTHE, sur l'impulsion du Maire en l'an 2000 et il s'appellera ainsi le "MOULIN DE CYPRIEN" promesse faite à son petit-fils RAOUL qui fut le dernier meunier de FILLÉ. Mais grâce à l'action des élus et le courage des bénévoles, la roue qui s'était arrêtée pendant 20 ans après le départ en retraite de RAOUL COSNIER s'est remise à tourner au grand bonheur des passionnés de son moulin. Merci RAOUL.

    LA MÉLODIE DES ROUES A AUBE NE S'ARRÊTERA PAS DE SITÔT !



    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.


    photo collection particulière

     
    "Deux enfants au soleil" au bord de la Sarthe au début du siècle dernier.

     

    Monsieur ROBOAM Louis sera Maire en 1901 jusqu'en 1904, puis Monsieur LORIOT François jusqu'en 1908 et Monsieur BIZERAY Jean prendra la suite jusqu'en 1919.

    En feuilletant un vieil almanach de l'année 1910 des œuvres Catholiques des quartiers du Mans, nous consultons un relevé des communes du département avec le nom de chaque curé des paroisses concernées. Nous constatons qu'à Fillé, le curé de la paroisse était Monsieur Chardon, le Maire était bien sûr Monsieur Bizeray tandis que les deux instituteurs étaient Monsieur Mohain pour les garçons et Madame Busson pour les filles.

    (Source : BNF.Gallica)

    Madame Busson devait donc exercer dans cette nouvelle école récemment construite dont photo ci-dessous :


     




    Construction de l'école de filles de Fillé - architecte : LEVESQUE, enduit briques et ardoises
     

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.

     

    En 1912, un rapport sur les travaux du Conseil d'Hygiène et des Commissions sanitaires du Département de la Sarthe fait état de l'avis favorable au projet de construction d'une école de Filles à Fillé en ajoutant qu'il serait prudent de prévoir deux entrées : l'une pour les élèves et l'autre pour les voitures. La remarque du Docteur Laporte concernant l'entrée telle qu'elle était prévue à l'angle des deux routes est très opportune ; en effet, ce Monsieur constate qu'elle ne donne peut être pas le maximum de sécurité désirable pour la population scolaire. 

    D'ailleurs, à l'aube du XXI° siècle, vers 2010, quand la Municipalité en place transforme cet édifice en bibliothèque avec l'extension d'une cantine scolaire, la circulation, alors oui, elle est plus que difficile dans ce secteur ... au moins ce Monsieur avait de curieux auspices.

     

    Mais revenons en 1912 à la construction de cette école :   

     


    Monsieur BIZERAY fit construire l'école des filles qui s'achèvera en 1922 à l'angle de la rue des Gesleries et de Bourdigale (qui devint par la suite la rue de la Libération).

     

    Scan

    Pendant l'été 1913, un de ses adjoints lui transmettra, pendant qu'il séjournera dans sa villa à Pornichet, une carte postale de FILLE lui indiquant les conditions proposées par les différents corps de métier, comme le plâtrier et le serrurier du Mans et le peintre de la Suze.


     

     

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.

     





    Les élèves de la classe des garçons de l'école de Fillé au début du siècle dernier.

     

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.

    Été 1911, la canicule la plus meurtrière du début du XX° siècle

    En 1911, les Français de la Belle époque ont vécu un épisode caniculaire aussi mortel qu’inhabituel. Tout droit venue des États-Unis, une importante vague de chaleur s’abat sur l’Europe et notamment sur les Pays-Bas, la Belgique mais surtout… la France.

    Pendant 70 jours, du 4 juillet au 13 septembre, l’Hexagone cuit à l’étouffée. Avec des températures très élevées, associées à une insolation importante et à une absence totale de pluie, la canicule fait rôtir tout le pays. Après une accalmie toute relative à la fin du mois d’août, elle reprend en septembre pour s’arrêter au milieu du mois.

    « Ce sont plus de deux mois d’extrême sécheresse et de températures élevées qu’ont connus les habitants de la France en 1911 », rappelle Catherine Rollet, autrice de La canicule de 1911 : observations démographiques et médicales et réactions politiques (Éditions Belin). Une hausse des températures significative qui touche « la totalité du pays mais plus durement peut-être le nord de la France » ...

    (extrait d'un article de O.F. publié le 4 Août 2020 par Edouard LAMORT  : https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2020-08-04/ete-1911-la-canicule-oubliee-la-plus-meurtriere-en-france-44f28e80-0a14-47fa-9c42-abea8c5b9ef8

     

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.

     


     


     

     

     

    L'établissement abritant l'enseignement privé et tenu par les Soeurs d'Evron a été laicisé par arrêté préfectoral.





     
     
    L'Abbé Couronne dans son jardin du presbytère de Fillé ci-dessus.
     
     

    La Belle Epoque - Messieurs Roboam et Loriot respectivement Maires jusqu'en 1908.

     Extrait O.F.


    Grâce à deux "mémoires" de Fillé, on apprend que l'abbé Couronne qui était curé à Fillé durant la dernière guerre et notamment au moment des évènements de la Libération, séminariste sans fortune, il avait néanmoins fait de solides études en langue anglaise ce qui lui permit, plus tard, d'enseigner à son tour au collège Stanislas de Paris.

    Or, souvent, le jeune abbé revenait par le train et c'est à ce moment-là, au mois de juin 1908 qu'il se trouva mêlé à la conversation en anglais de quelques messieurs. Parmi eux se trouvait Wilbur Wright, tout heureux de pouvoir trouver un Sarthois qui puisse le comprendre et à qui il révéla le motif de son déplacement en Europe. L'abbé Couronne se vit donc inviter à servir d'interprète et était présent lors de la première tentative de vol de Monsieur Wright. Celui-ci lui demanda de chronométrer le temps de vol. Plus tard, quand l'abbé racontait cet épisode à son entourage, il tirait sa grosse montre de son gousset au bout de sa chaîne et il disait "C'est cette montre-là qui a chronométré le premier vol de Monsieur Wright !"

    f1.highres

    Wilbur Wright sur le terrain avant l'envol
     


    premier vol en 1903 des Frères WRIGHT (photo prise par un anonyme)
     
    photo collection particulière


    Les premières automobiles apparaissent à FILLE vers les années 20. Le conducteur de la voiture stationnée sur la photo serait Henri VALLEE...
    On recense l'arrivée de la première voiture achetée par Monsieur GYPTEAU, marchand de bestiaux au bourg. Il s'agissait d'une PHAETON TORPEDO de 10 chevaux pour un prix d'époque de 7800 francs.   En 1921, deux voitures sont enregistrées en mairie : une phaêton rapide de 12 chevaux et une ambulance Ford de l'armée américaine.
       
    En ce qui concerne ces deux derniers paragraphes en noir, ceux-ci sont extraits des Données chronologiques remises par Monsieur Pierre Gouet au Maire de Fillé (Pierre Gouet 2005/2006).

     


    Photo de ma collection
    LAVANDIERE AU PIED DE L'EGLISE DE FILLE ET A GAUCHE, LES BATELIERS D'UNE GABARRE POSENT...

          




       

    Ci-dessous, le moulin de FILLE à travers la haie d'aubépine
    (peinture à l'huile de CHRISTIANE CHOISNET)

     

    "En 1910, suite aux inondations au cours de laquelle la RN 23 fut submergée, le rapport du 10 Octobre 1936 établi par Monsieur BASDEVANT, chef de Brigade au service de Nivellement Général de la France, indique : lors de la crue de Janvier 1910, le 14 de ce mois, le niveau de la Sarthe a atteint :
     
    au Moulin de FILLE - 39,515 mètres - trait niveau 3 mètres."
     

     
     
     
     
     
     

     
     
     
    Sources manuscrites concernant le barrage : recherches effectuées par M. Pierre GOUET auprès des Archives Départementales de la Sarthe.
    concernant la procession du Reposoir à Fillé : extrait de la VIE RELIGIEUSE DANS LA SARTHE de 1900 à 1940 d'André LIGNE.
    Pour différences sources nommées : BNF.fr GALLICA.
     
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  • Avant la création de la ligne des petits trains de la Sarthe, le transport régulier des voyageurs était assuré par les bateaux à vapeur.

    La Compagnie de Blanzy effectuait le trajet entre Angers et Le Mans.

    Puis, petit à petit , une lente évolution s'opérait dans le domaine des transports sonnant ainsi le déclin de la navigation fluviale et la disparition de la batellerie traditionnelle dans le transport de marchandises.

    Depuis la disparation des diligences jusqu'à l'apogée de l'automobile,  un nouveau moyen de communication qui paraitrait bien désuet aujourd'hui par sa lenteur, allait pourtant bouleverser la vie dans nos campagnes : un important réseau ferré d'intérêt local, rayonnant autour du Mans, allait contribuer par sa densité, à sortir de leur isolement  les bourgs et les villages permettant même un développement économique nouveau. Il changeait, manifestement, la vie de tous les jours des habitants des bourgades sarthoises. Il allait porté un coup fatal à la navigation.

    "Le chemin de Fer connu tout de suite une prospérité croissante, reléguant les diligences fatiguées, amenant la désertification des grandes routes, conduisant progressivement les auberges disséminées aux carrefours et dans les bourg à la fermeture. Il sonna le glas des liaisons fluviales par la rivière Sarthe, menant le marinier au chômage, augmentant la misère. Vers 1861, le transport par voie d'eau se limite dans un premier temps aux matériaux lourds : le bois, le calcaire, le marbre, le vin.

    Lors de la séance du Conseil Municipal du 13 Juin 1872, Monsieur Carteret, maire de Fillé-Guécelard, et les sept conseillers municipaux de Fillé, invoquent que le déclin progressif et irréversible du trafic sur la grande route a eu pour conséquence une diminution de l'importance des bourgs placés sur son parcours. A Guécelard, cela entraîna la fermeture de deux auberges et d'un cabaret tandis que la principale auberge voyait son activité diminué de moitié" (extrait Guécelard, les ombres du passé. A Gobenceaux) 

     

    LA GARE DE FILLÉ

     

    extrait du journal officiel de la République Française Lois et Décrets du 23 Septembre 1897.

    (BNF Gallica)


    La gare de FILLÉ était située sur la ligne LE MANS - MAYET. Cette ligne ouverte le 13 Septembre 1897 partait de la gare centrale des tramways par la sortie sud qu'elle quittait aussitôt par la droite, pour traverser la Sarthe au Pont de Fer en tournant devant l'usine à gaz. Elle desservait quatre arrêts facultatifs : LE PATIS-ST-LAZARE, L'ÉPINE, SAINT-GEORGES et LA RATERIE. Elle franchissait la Sarthe à la Raterie, entrait sur le territoire d'ALLONNES (arrêt fixe) puis elle continuait pour desservir la station de Spay près du Café de la Gare. Elle suivait quelque temps l'IC 8 et retrouvait son indépendance pour arriver à la station de FILLÉ et là, les beaux jours, elle déversait son flot de pêcheurs et de promeneurs du dimanche. (*)

    Car, outre le pont ferroviaire, la petite commune de Fillé s'était dotée d'une minuscule gare confiée à l'autorité du couple Brindeau, Auxilia succédant à son mari en 1907 (*) tandis qu'un imposant château d'eau venait compléter l'ensemble.

    A raison de deux trains par jour en semaine (un le matin et l'autre le soir), cette ligne Le Mans-Foulletourte-Mayet allait modifier bien des comportements puisque désormais il fallait 42 minutes seulement pour joindre la capitale du Maine à Fillé.

    "En quelques mois, ce fut le tramway qui rythma la vie du village au point que la cloche d'annonce en gare de Fillé constituait La véritable horloge." confiera cent ans plus tard notre ami René "l'historien de Fillé" à un journal local.  

     

    (*) Un premier tracé avait été étudié en 1888 par le Conseil Général de la Sarthe dont le cheminement était un peut différent (voir extrait rapport du Préfet) Source Gallica Bnf.fr Bibliothèque Nationale de France.

     

    (*) "j ai 84 ans je me souviens bien de Fillé ma grand mère Auxilia y était Chef de gare et habitait dans une partie du café de la gare chez mr Chaboche Mais tout ça est si loin" (commentaire aimablement transmis par Lulu, visiteur du blog, le 18 Juillet 2015).

    1er tracé étudiéen 1888 mars





    Ensuite notre petit train poussif franchissait à nouveau la Sarthe sur notre joli pont de FILLÉ. La ligne rejoignait la RN 23 en suivant un chemin vicinal ordinaire jusqu'à GUÉCELARD.





    photo collection particulière

    Le château d'eau (que l'on voit à l'extrême droite de la photo) qui alimentait le petit train n'a disparu du paysage qu'en 1992 pour permettre la construction du lotissement du Bourdigale. Louis Harel de la Noe qui avait édifié le pont et la gare avait élevé ce château d'eau en 1897. L'édifice de forme cylindrique, reposait sur une plate-forme carrée soutenue par quatre pieds métalliques. Il était indispensable au bon fonctionnement du petit train car il alimentait en eau la chaudière à vapeur de la locomotive Blanc-Misseron. Un puits profond, situé à 43 m au dessus du niveau de la mer, remontait l'eau à l'aide d'une chaîne à godets, actionnée par une roue à main. A chaque arrêt, le chauffeur remplissait le foyer de la machine de briquettes et faisait le plein en eau à l'aide d'une gaine en toile appelée "cheminée".

    Le ravitaillement était obligatoire à FILLÉ en raison de l'effort demandé à la locomotive pour monter la petite côte du Bur, en direction de Spay.  En effet, cette côte sollicitait drôlement les chaudières et à cet endroit on pouvait suivre à pied le convoi tellement la pente était rude.


    extrait article journal Le Maine Libre

     

     

    LA GARE DE FILLÉ

     

     

    Cette photo ci-dessus m'a été aimablement transmise par Mme Gervaise Dubourg par mail du 15/11/2020. Je la remercie ici. Elle me précise que l'homme en pantalon blanc, canotier et barbiche blanche (5ᵉ en partant de la droite) était Monsieur Mohain, instituteur à l'école publique des garçons de Fillé.   

    Gervaise m'a également transmis par mail en date du 13 février 2021 quelques anecdotes très intéressantes sur le petit train que desservait la gare de Fillé ; je vous invite à en prendre connaissance :

     

     

    "Le petit train reliait Fillé au Mans à une époque où l’on cultivait encore le temps de vivre. Le trajet vers le Mans connaissait des montées assez raides, et lorsque le train était très chargé, il ne parvenait pas à les franchir. Les voyageurs descendaient alors et montaient à pied, en bavardant, pendant que le train escaladait la montée à vide et attendait ses voyageurs dans le haut de la côte.

     

    C’était également le temps de la convivialité. Lorsqu’un Filléen était au Mans et se trouvait chargé d’emplettes, il les déposait dans le train en demandant à la cantonade de descendre ses sacs à Fillé, et il continuait sans plus s’en soucier à vaquer à ses occupations au Mans."

     





    photo collection particulière
     



    Le café de la gare à FILLÉ (actuellement Auberge du Rallye).

    Par ailleurs, sur le magnifique ouvrage de Claude Wagner sur les tramways de la Sarthe, publié aux Editions de la Reinette, il est souligné à la page 72, qu'il existait des trains spéciaux : notamment la SOCIÉTÉ DES PÊCHEURS avait demandé la mise en marche de trains spéciaux à partir du 1er Juillet 1937 le samedi et le lundi de chaque semaine entre LE MANS et FILLÉ. Ce service sera assuré par la troisième automotrice.
    Le samedi, par exemple, on savait que les pêcheurs arrivaient par le train montant de 8h53 et qu'il en coûtait 0,65 francs en 2ème classe pour faire le trajet en provenance du Mans.
     



       photo collection particulière










    Plan du secteur de la gare de FILLÉ, à droite le long du ruisseau du Bourdigale et à gauche, un pré... lequel pré est l'emplacement du futur groupe scolaire de FILLÉ.



     
      
    Les beaux dimanches au bord de l'eau à FILLÉ, on venait donc par le train qui déversait son flot de pêcheurs et de promeneurs (vue de la Sarthe près du Pont) :



     





    photo collection particulière





    Le 5 Août 1944, lors de sa retraite, la Wehrmacht fit sauter les ponts de Saint-Georges et de la Raterie, seul celui de Saint-Georges sera reconstruit et le service ne reprendra que le 2 Juin 1945 après sa reconstruction.

    La ligne s'arrêtera définitivement le 1er Novembre 1946.

    Comme beaucoup nous n'avons pas connu les tramways sarthois mais les plus anciens se rappellent une époque de leur jeunesse où la qualité de vie n'était pas si médiocre.

     


    photo collection particulière



    Un enfant joue sur la plage près des iles et du passage à gué situé près du moulin de la Beunêche :
    la belle époque !
         









     Illustration empruntée à l'ouvrage des Petits Trains de la Sarthe d'Alain de Dieuleveut et Jean Edom



     
    sources bibliographiques et manuscrites :


    Article de presse paru dans le Maine Libre du Lundi 15 Septembre 1997 relatant le 100ème anniversaire du pont ferroviaire
     
    Ouvrage des tramways de la Sarthe du XIX° au années 2000
    de Claude Wagner des éditions de la Reinette

    archives de la Mairie de Fillé concernant le plan du secteur de la gare.


    ouvrage des petits trains de la Sarthe d'Alain de Dieuleveut
     et Jean Edom - Editions Cenomane






     

















     

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    guécelard

     

    La Gare de Guécelard vers 1900.

     

    Finalement, malgré l'opposition du Préfet de la Sarthe et du Ministre de l'intérieur de l'époque, après quinze années de pétitions, la ténacité des habitants du secteur de GUECELARD sera récompensée puisque le Conseil d'Etat saisi donne un avis favorable. Le Sénat et la Chambre des Députés adoptent la loi portant sur la séparation des deux communes, loi promulguée par Jules Grévy, Président de la République, la limite naturelle étant l'axe médian de la rivière Sarthe.

    En 1878, une nouvelle fois, Guécelard avait réitèré sa demande de séparation ; ci-dessous extrait de lecture dans une session ordinaire du Conseil Général de ladite requête :

    "Messieurs,

    "Les habitants de la section électorale de Guécelard, commune de Fillé-Guécelard, demandent de nouveau au Conseil Général de se prononcer sur l'érection de cette section en commune distincte.

    "L'origine de cette question remonte à une époque déjà éloignée. Elle a été soulevée dès l'année 1865, et, après différentes péripéties, le Conseil Général de la Sarthe a émis un avis favorable à la division, en 1872, comme l'avait fait précédemment le Conseil d'Arrondissement du Mans.

    "Une décision ministérielle du 21 mai 1873 a néanmoins rejeté cette demande, en se basant uniquement sur des raisons financières, et en alléguant que la commune dont on sollicitait la formation ne disposerait pas de ressources suffisantes pour assurer ses services obligatoires.

    "La nouvelle demande des habitants de Guécelard, formulée en leur nom par leurs Conseillers municipaux, affirme que cette situation a changé, qu'ils peuvent se suffire à eux-mêmes et assurer leurs services.

    "Mais votre commission n'a pu se procurer les renseignements nécessaires pour examiner cette délicate question, la pétition n'ayant été déposée qu'au cours de la session. Elle doit donc se borner à vous prier de demander à Monsieur le Préfet de réunir, pour la session d'août, tous les documents nécessaires, principalement au sujet de la position financière actuelle des deux sections de Fillé-Guécelard.

    "Qu'il nous soit cependant, dès à présent, permis de dire que la délibération du Conseil Général du 24 août 1872, prise sur les conclusions de Monsieur le marquis de la Suze, nous paraît fondée sur des motifs très sérieux.                                                                                                                                           .../..."

    Source Gallica Bnf.fr Bibliothèque Nationale de France
     

    Ainsi, suite à des demandes inlassablement répétées de Guécelard, le Conseil Général de la Sarthe dans sa première session ordinaire de 1878, demande que la séparation des deux sections soit ordonnée :

    fillé-guécelard 1879 conclusion

    Source Gallica Bnf.fr Bibliothèque Nationale de France (concernant les articles ci-dessus et ci-dessous).

    Cette vue est propriété de BNF.fr Bibliothèque Nationale de France

    Reproduction interdite sur autre endroit d’Internet ainsi que Tout commentaire ou copie partielle de cet article sur autre blog Merci,

    En conclusion de cette affaire qui a "séparé" les deux communes pendant une quinzaine d'années, je livre un extrait de l'intervention d'un membre du Conseil à ladite session, intervenant qui s'est manifesté deux jours après la demande ci-dessus.

    ".../...

    "C'est par d'autres motifs que la question de la réunion ou de la division des communes doit être résolue et vous tiendrez à vous inspirer des principes généraux du droit administratif.

    "Quand l'Assemblée constituante a refait les circonscriptions territoriales de la France, elle était maîtresse d'agir à sa guise et pouvait céder à cet amour de la régularité géométrique qui semble posséder nos adversaires. Elle ne l'a pas fait et comprenant qu'une administration municipale est instituée pour servir les intérêts communs de chaque collectivité d'individus, partout où elle a vu un clocher avec ses intérêts distincts, elle a créé une commune. Chaque paroisse a été conservée telle que les hasards de notre vie nationale avaient pu la former et le législateur d'alors n'a pas cru pouvoir ôter, même aux plus faibles, le moyen de défendre les intérêts qu'elles avaient à représenter.

    "Ce sont ces principes, Messieurs, qui nous régissent depuis bientôt un siècle ; c'est à leur lumière qu'ont été résolues toutes les questions de réunion et de division des communes. Quand les intérêts de deux groupes d'habitants sont arrivés à être les mêmes, on a toujours considéré qu'un seul conseil municipal suffisait et on a prononcé la réunion ; quand au contraire, dans la même commune, il s'est formé deux groupes d'intérêts distincts, on n'a jamais hésité à leur donner une représentation distincte et vous venez de faire vous-même une judicieuse application de cette règle, en demandant, il y a deux jours, la division de la commune de FILLÉ-GUÉCELARD."

                                                                                    ..../....

    Mais, coup de théâtre, alors que le Conseil Général a émis maintes fois un avis favorable pour la division en deux communes de Fillé et de Guécelard, après avoir transmis leur avis et tout le dossier à Monsieur le Ministre de l'Intérieur, celui-ci leur répond le 28 Décembre 1879 par une dépêche insérée au rapport de Monsieur le Préfet. La publication de cette décision cause un grand émoi chez les intéressés qui s'attendaient à une autre solution.

    Voici le texte de la dépêche :

    "Paris le 28 Décembre 1879

    "Monsieur le Préfet,

    "Vous m'avez transmis, le 4 Novembre dernier, le dossier d'une pétition par laquelle les Conseillers Municipaux et habitants de Guécelard demandent la distraction de leur section de la commune de Fillé-Guécelard, canton de la Suze, arrondissement du Mans (Sarthe), et son érection en municipalité distincte.

    "C'est la troisième fois que l'Administration est saisie de ce projet, écarté en 1873 et en 1875.

    "Comme à cette époque, les pétitionnaires exposent que leur section possède tous les édifices publics nécessaires au fonctionnement d'une Municipalité, que séparés du chef-lieu par une barrière naturelle, la Sarthe, ils sont astreints à des déplacements pénibles et quelquefois même dangereux, aucun pont ne reliant les deux parties de la commune ; qu'enfin, la section de Guécelard représentée au sein du Conseil Municipal par un nombre de Conseillers inférieur à celui de la section chef-lieu, voit celle-ci s'approprier la plus grande partie des ressources communes.

    "En 1875, le Ministre de l'Intérieur reconnaissait que la traversée de la Sarthe pouvait occasionner une certaine gêne auprès des habitants de Guécelard et promettait d'y remédier par la création d'un adjoint spécial ; la section ne répondit pas à cette offre qui faisait disparaître les inconvénients signalés en supprimant les déplacements nécessités par les déclarations de l'état-civil.

    "Depuis, aucun fait nouveau n'est venu modifier la situation ; je ne vois, par conséquent, aucune raison de revenir sur les décisions prises par mes prédécesseurs.

    "L'examen personnel que j'ai fait du dossier m'a, au contraire, convaincu que le démembrement ne pourrait avoir lieu sans nuire à la fois aux intérêts généraux et à l'intérêt particulier des deux groupes de population.

    "Si, en effet, les deux sections ont en population et superficie une importance qui permettrait à la rigueur de les constituer en municipalités distinctes, leur situation financière deviendrait très obérée après la séparation. Sans être riche, la commune de Fillé-Guécelard peut faire face à ses dépenses à l'aide de centimes additionnels qui rapportent chacun 71 frs ; elle peut consacrer près de 1,000 frs par an au soulagement de ses pauvres. Il est incontestable que, réduites à un principal de 3,300 ou 3,800 frs donnant par valeur de centimes 33 à 38 frs, les deux communes qu'il s'agirait de créer seraient beaucoup plus pauvres ; et, pour équilibrer le budget de Guécelard, on serait obligés de diminuer au détriment des services publics la dotation de chacun d'eux. D'ailleurs, cette section serait légalement obligée d'entretenir une école de filles, et le bâtiment lui manquant, elle devrait en construire une ou deux dans un local provisoire. Il lui faudrait également une salle de mairie dont la dépense n'est pas prévue au budget.

    "La commune actuelle paraît être administrée avec intelligence et impartialité, aucune cause sérieuse de rivalité n'existe entre les sections, les ressources ne sont pas comme l'allègue Guécelard, exclusivement employées à l'avantage de la section de Fillé puisque sur 12,398 mètres de chemins vicinaux existant dans la commune entière, Guécelard en renferme 8,413 mètres et Fillé seulement 3,935.

    "Dans ces conditions, j'estime que le mieux est de maintenir l'état de réunion, sauf si, la section de Guécelard le désire, à provoquer, comme le proposait mon prédécesseur, la nomination d'un adjoint spécial pour remplir dans ce village les fonctions d'officier de l'Etat-civil.

    "Vous trouverez ci-joint le dossier de l'affaire moins quelques documents que j'ai conservés pour ordre.

    "Recevez, Monsieur le Préfet....

    Source dépêche Mr le Ministre de l'Intérieur du 28 Décembre 1879 Gallica Bnf.fr Bibliothèque Nationale de France

    A la session extraordinaire de Mars 1880, le Conseil Général prend donc connaissance de cette situation. C'est la consternation. Pour dissiper l'émotion suscitée et pour calmer les esprits, un des interlocuteurs qui est en charge du dossier précise aussitôt que, dans un premier temps, celui-ci  avait donc été renvoyé par Monsieur le Ministre mais, suite à de nouvelles démarches, il avait été redemandé et, qu'à la période de cette session de Mars 1880, le dossier était toujours mis en examen de la section qui en saisira prochainement le Conseil d'Etat. Il insiste sur le fait qu'à l'heure où il parle, rien ne peut faire préjuger d'une situation défavorable et justifier les craintes qui se manifestent. Il ajoute, pour conclure, que la semaine suivant cette session de Mars 1880, le Conseil d'Etat statuerait sur cette affaire. 

    A LA SUITE DE NOUVELLES DEMARCHES, MONSIEUR LE MINISTRE DE L'INTERIEUR A BIEN VOULU REEXAMINER A NOUVEAU CETTE AFFAIRE ; IL Y AVAIT TOUT LIEU D'ESPERER QU'IL REVIENDRAIT SUR CETTE PREMIERE FIN DE NON-RECEVOIR ET QU'IL CONSENTIRAIT A TRANSMETTRE LE DOSSIER AU CONSEIL D'ETAT.

    Source BNF.fr Gallica B ib liothèque Nationale de France


    ET, ENFIN GRACE A LA PERSEVERANCE DES HABITANTS DE GUECELARD, FILLE ET GUECELARD SONT DESORMAIS DEUX COMMUNES DISTINCTES A LA DATE OFFICIELLE DU 30 JUILLET 1880.

    Guécelard et Fillé ne sont pas le seul cas unique de défusion de communes :

    A peu près à la même période, en 1872,  près de Redon, le village de Sainte-Marie d'où mes grands-parents paternels étaient originaires, s'est détachée de sa commune voisine de Bains sur Oust. La commune de Sainte-Marie-de-Redon  compte aujourd'hui 2 200 habitants.  Vingt ans plus tard et douze ans après la scission de Fillé et Guécelard, la loi du 13 avril 1892 distrait de la commune de la commune de Neuilly sur Marne, les sections de Neuilly-Plaisance et du plateau d'Avron.

    La séparation de deux villes comme Neuilly-Plaisance et Neuilly-sur-Marne s'était faite par consentement mutuel car l'urbanisation croissante ranima vite la question de la séparation qui était la seule issue possible pour Neuilly-sur-Marne qui voyait, déjà cette époque, le risque de se voir absorbée par la montée démographique de Neuilly-Plaisance.

    Le problème se serait sans doute posé, au siècle dernier, dans des proportions moindres, mais néanmoins bien sérieuses, entre Fillé et Guécelard car avec la présence de la route nationale qui traverse le bourg et  l'avènement des transports, la commune de Guécelard a vu sa population augmenter dans des proportions beaucoup plus importantes que celle de Fillé (2674 hab. au dernier recensement de 2008 pour Guécelard contre 1522 pour Fillé) .     

    Au fil du temps, de nombreuses communes se sont scindées quand d'autres, à l'inverse, se rattachaient...

     

    Enfin, un rapport du SÉNAT en date du 15 Juillet 1880 rapporte la séance du 12 Juillet 1880 au cours de laquelle a été évoquée la scission de nos deux communes ; ci-joint extrait :

    AU TERME DE PRÈS D'UN SIÈCLE DE VIE COMMUNE, FILLÉ ET GUÉCELARD SE SÉPARENT, LOI DU 30 JUILLET 1880

     

    Il est stipulé sur cette page 835 dans ce rapport du Sénat et de la Chambre des Députés que la section de Guécelard "manque de tout ce qui est indispensable au fonctionnement d'une municipalité : Mairie, Eglise, Presbytère, qu'ils sont séparés par une barrière naturelle, le cours de la Sarthe, du chef-lieu de la municipalité, qu'ils sont obligés de traverser cette rivière sur un bac chaque fois qu'ils doivent aller à la Mairie ce qui occasionne souvent des accidents ; enfin que la section chef-lieu, représentée par la majorité des conseillers abuse de sa situation prépondérante pour employer à ses besoins particuliers la plus grande partie des ressources communes"

    ./...

    "Des évènements douloureux, à la suite desquels diverses personnes de Guécelard perdirent la vie à traverser la Sarthe, ont perpétué le désir de la séparation."

    ./...

    "Si la séparation était prononcée , la commune de Guécelard aurait une population de 547 h. et une superficie de 1.209 hectares ; il resterait à Fillé 637 h et 1.025 hectares.

    Cette dernière commune se trouverait dans une bonne situation pécuniaire, grâce à une fondation particulière de 347 frs de rente qui lui a été faite avec affectation spéciale à ses pauvres et à ses sœurs établies dans cette commune;

    Quant à Guécelard, sa situation financière, sans être aussi favorable, serait suffisamment bonne ....".

    ./...

    "La limite proposée serait la Sarthe. Quelques réclamations se sont produites, il est vrai, à ce sujet et deux ou trois chefs de famille de Guécelard, situés sur la rive droite du fleuve, ont demandé à rester unis à Fillé, ils ont, en conséquence, proposé pour limite le chemin de Buffe qui va de Gué rejoindre le chemin de Guécelard, en sorte que les trois hameaux de Buffe, de Villettes et de Blignières resteraient à Fillé, séparés de ce bourg par la Sarthe. Cette proposition qui ne s'appuie que sur quelques préférences individuelles ne saurait être accueillie, la principale considération qui milite en faveur du projet est tirée de ce que la Sarthe divise topographiquement les deux sections, on ne comprendrait donc pas la formation sur la rive droite de la Sarthe d'une agglomération dépendant de Fillé."

    "Votre sixième commission d'intérêt local, après examen du projet de loi suivant, présenté par le Gouvernement et déjà voté par la Chambre des Députés, vous propose de l'adopter".

    "Art. 1er - La section de Guécelard est distraite de la commune de Fillé-Guécelard (canton de la Suze, arrondissement du Mans, Département de la Sarthe) et érigée en municipalité distincte.

    "La limite entre les deux communes de Fillé et de Guécelard sera fixée par le cours de la Sarthe.

    "Art. 2 - La présente distraction aura lieu sans préjudice des droits d'usage et autres qui seraient respectivement acquis.

    "Les autres conditions seront, s'il y a lieu, déterminées par décret." 

     

     

    Extrait des Annales du Sénat et de la Chambre des Députés du 15 Juillet 1880. Source Généanet

     

    AU TERME DE PRÈS D'UN SIÈCLE DE VIE COMMUNE, FILLÉ ET GUÉCELARD SE SÉPARENT, LOI DU 30 JUILLET 1880

     

     

    Monsieur GARNIER Louis a été réélu Maire à la suite de la séparation de GUÉCELARD .
    Le 21 Novembre 1880.

    Désormais, le Maire - n'ayant plus le loisir de recevoir les pétitions des guécelardais demandant leur scission - le 8 Mai 1881, il se contente de donner lecture au conseil d'une autre pétition : celle adressée par les nombreux habitants des îles qui se plaignent des inondations successives et de l'inertie de la municipalité à y remédier !

    En Novembre 1881, l'instituteur publique, Monsieur M.... a été prié par la Municipalité de donner des cours à des adultes sur leur demande. Celui-ci est tout disposé à
    condescendre à leur désir, trois fois par semaine. Une quinzaine de jeunes gens ont manifesté le désir de les suivre en venant se faire inscrire en Mairie ; Monsieur le Maire remercie Monsieur l'Instituteur de son désintéressement.
    Il existait deux écoles : l'école primaire des garçons et l'école primaire des filles. Chaque année on dressait la liste de ceux qui étaient admis gratuitement et ceux qui devaient payer.

    L'ancien cimetière auprès de l'église ayant été supprimé , un nouveau cimetière est construit à sa localisation actuelle. On l'entoure de haies vives mais il est décidé de construire un mur car les tombes sont fréquemment bouleversées par les animaux. Un mur d'enceinte sera édifié et les moëllons seront pris à Saint-Benoît. Le préfet est d'accord pour la construction du mur et le cimetière ainsi sera clos. Mais en Janvier 1884, le Maire expose l'impossibilité de commencer le mur du cimetière cette même année (année électorale), et le conseil considérant qu'il vaut mieux entrer de plein pied dans le cimetière que d'avoir trois marches à monter...

    Le compte-rendu des recettes de la fabrique donne un résultat excédentaire de 3080,50 francs mais, souligne-t-on, la voûte entière de l'église est à refaire.

    Le 18 Mai 1884, Monsieur GARNIER Louis est réélu Maire de FILLÉ. A la Toussaint 1884, on inaugure en grande pompe la croix du nouveau cimetière.

    En 1885, il est toujours question du mur... : souscription en nature pour clôture du cimetière mais d'autres projets sont en cours : il est demandé une étude de tracé concernant le passage du futur tramway du Mans à La Flèche (passage de la rivière).
    Il est d'ores et déjà acquis que la contrainte du passage par bac est une voie de communication tellement imparfaite qu'elle devra être un jour remplacée par un pont ; en outre, assujettie à un droit de péage qui, journellement répété, devient onéreux : tôt ou tard, le Département ou l'Etat sera dans la nécessité donc d'établir un pont.

    En 1885 toujours, Monsieur le Marquis de Broc fait acquisition d'une mail-coach de 16 places construites par les Ets Bollée du Mans. "Des paysans attrapent de peur la jaunisse tandis que dans les prés les vaches deviennent ribaudes ! On entend la pétoire jusque dans les Basses-Iles" (sic).

    Puis en 1887, cette année-là, l'ordre moral se mit en branle à la suite d'une affaire concernant une jeune femme de Fillé et ses filles naturelles. Le Maire de Fillé tient ces propos devant le Conseil Municipal :

    "Serait-il équitable, serait-il décent d'imposer aux communes les plus morales ce qu'on pourrait appeler le tribut du vice ?"

    Ces paroles se passent de commentaires mais sont évidemment pour le moins choquantes quand on les relit à notre époque...

     

    En ce qui concerne les paragraphe écrits en noir, ceux-ci sont extraits des Données chronologiques remises par Monsieur Pierre Gouet au Maire de Fillé (Pierre Gouet 2005/2006).

     

     

     


     

     

     

     

     









    Sources manuscrites des paragraphes écrits en bleu :

    Extraits des recherches auprès des archives municipales de la Mairie de Fillé.




     
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